J'attaque donc dans Fusion 360 mes plans du Caudron C 690, en démarrant par le train d'atterrissage.
Pas la pièce la plus simple parce qu'il y a un arrondi à l'arrière du capotage qui m'a donné beaucoup de fil à retordre. J'ai enfin trouvé un moyen en faisant une découpe circulaire, mais la pièce résultante devient trop complexe pour pouvoir utiliser ensuite l'outil "coque", et donc je dois dupliquer l'objet, le réduire de quelques pourcents, et soustraire cet objet réduit à l'objet initial pour l'évider, ce qui donne des résultats approximatifs en terme d'épaisseur de paroi.
Je dois ensuite bien réfléchir à la façon de fabriquer avec l'imprimante mon train d'atterrissage, je fais des premiers essais en séparant en deux verticalement mon train, pour imprimer la partie avant puis la partie arrière, et en incorporant la jambe de train dans la même pièce.
Il ne suffit pas de modéliser les pièces avec Fusion 360, il faut ensuite les exporter sous forme de fichier STL, les importer dans un Slicer, générer un fichier de GCode, et faire imprimer ce GCode par l'imprimante. Quand on découvre ça, cela a l'air tout simple, mais lorsque l'on veut vraiment obtenir des pièces précises, légères, qui s'impriment correctement, on découvre alors que c'est beaucoup plus compliqué que ça en a l'air !
Mes premières pièces accrochent mal au plateau de l'imprimante, se décollent aux extrémités et au lieu d'une pièce bien droite je me retrouve avec une espèce de banane toute vrillée. Je commande alors un support magnétique souple à coller sur mon plateau, j'explore les subtilités des différentes techniques d'accroche des pièces (radeau, anneau etc) et progressivement j'arrive à imprimer des pièces correctes après de nombreux essais, entre modifications dans Fusion 360, changement du paramétrage du slicer, je finis par bien imprimer 7 ou 8 versions de ce fameux train !
En parallèle, j'achète un filament souple noir pour imprimer des pneus, là aussi je galère bien et en imprime une bonne dizaine avant d'avoir un résultat correct.
Finalement, j'arrive à faire un train suspendu dont je suis assez fier, avec une tige de carbone qui coulisse dans une jambe de train imprimée soutenue par deux élastiques, et un capotage imprimé finalement d'une pièce.
Je m'attaque alors au capot moteur, et je me rends alors compte que j'ai un gros problème de poids, bien que je maitrise maintenant suffisamment le slicer pour réussir à imprimer les parois avec un seul passage de la buse d'impression, mes parois font 0.9 mm alors que la buse fait théoriquement 0.4 mm et doit donc permettre d'imprimer à cette épaisseur. Le seul moyen avec Ultimaker Cura, le slicer que j'utiliser, d'obtenir cette épaisseur c'est de passer dans un mode "surface" où il n'imprime que l'extérieur des objets. Il faut donc faire des objets pleins pour réussir à les imprimer, ce qui rends la conception impossible en dehors de pièces très simples. Je me rabats alors sur le Slicer Prusa qui gère un peu mieux les épaisseurs fines, mais malgré tout je me retrouve avec des pièces simples qui ne veulent pas s'imprimer correctement, avec ce genre de résultats :
Je craque alors, et je prends une licence de Simplify3D, (tous les autres slicers utilisés jusqu'à présent étaient gratuit) et je me mets enfin à imprimer des pièces correctes, le logiciel est extrêmement performant et génère un GCode parfait, gérant parfaitement les flux, les vitesses, le refroidissement, pour enfin sortir des pièces légères, précises et solides.
Par contre du côté de ma conception dans Fusion 360, je me rends compte que je suis dans une impasse, j'ai tout fait au même niveau, toutes mes pièces, leurs esquisses, leur historique de conception est "à plat" au niveau principal, ce qui fait que si je veux retoucher quoi que ce soit en modifiant un paramètre dans l'historique, ça mouline ensuite pendant des heures avec un résultat plus ou moins aléatoire...
C'est dommage, j'avais bien avancé, avec le fuselage, l'aile, le train...
Mais voilà, il est temps de prendre une décision radicale, j'arrête tout, et je repars sur un fichier vierge, en découpant soigneusement en module chaque pièce, en profitant de l'expérience acquise pour modéliser les pièces de façon simple, pour garder une géométrie la plus paramétrique possible, afin de permettre des retouches, des adaptations, qui ne sont plus possibles quand on "bidouille" les pièces en ajoutant des petits bouts ou en coupant par ci par là pour rattraper les erreurs.
Du coup, quitte à repartir de zéro, je décide de faire le Caudron C580, un prototype qui a permis de poser les bases du C690. J'aime bien sa ligne, je le trouve plus élégant que le C690 avec son nez plus court et sa dérive droite.